jeudi 16 juin 2011

Le miracle de la course

Quand j'étais petit, je rêvais de courir un marathon.  C'était un objectif fort distant (dans tous les sens!), un peu fou et un peu abstrait.  42km était une distance qui ne me semblait possible de parcourir qu'en vélo -  ah le vélo, un moyen de déplacement et d'évasion dont je raffolais, d'ailleurs.  Mais bon, courir 42km.... un jour, peut-être?  Hmmm, pas sûr du tout...

Les années ont passé, et ce n'est que dans la trentaine que je me suis mis à repenser à la course.  Je vivais alors à Stockholm, une ville absolument superbe, inspirante, propre, harmonieuse, respectueuse des piétons et des cyclistes, avec des habitants très sportifs et donc parfaite pour courir.  J'ai d'abord couru pour le plaisir, dans les rues et les sentiers, et puis quelques 10km au centre-ville en 2000 et 2001, avec un minimum d'entraînement, et ce fut franchement fort plaisant.  Une découverte presque accidentelle, en somme.

Mais ce n'est qu'en 2005, revenu ici au Québec, que je me suis vraiment mis à la course avec un petit coup de pied, c'est-à-dire en m'inscrivant d'abord au demi-marathon de Montréal, avec seulement 6 semaines de préparation.   Ma belle-soeur et ma soeur s'y étaient aussi inscrites, elles étaient déjà bien plus disciplinées et plus en forme que moi, et elles ont franchi la distance ô combien plus aisément et plus rapidement que moi.  Mais.... j'avais adoré cette expérience, je venais d'attraper la piqûre!

L'année suivante, en 2006, ce fut un grand défi familial qui amena ma course au niveau suivant: ma soeur, mon frère, ma belle-soeur et moi allions tous les quatre courir le marathon de San Francisco le 31 juillet.  Préparation de 18 semaines en suivant le programme d'entraînement très simple de Hal Higdon, un doyen de la course en Amérique.  Et puis le grand jour: l'expérience fut extraordinaire, et reste bien gravée dans ma mémoire: mon premier marathon, mais surtout la joie de courir côte à côte avec ma soeur et mon frère, sur le Golden Gate Bridge, dans le Golden Gate Park, sur Haight, et de pousser témérairement la machine pour me faire frapper 'mon mur' à 35km; sept derniers kilomètres en alternant marche et course, et je franchis l'arrivée sous le Bay Bridge en 3:43 - pas si mal, quand même.  J'avais souffert, comme tout le monde souffre dans un premier marathon, et j'étais très fier, et très heureux parmi les miens, en famille.  Un moment de pur bonheur.

Les deux années suivantes, je me recentre sur le demi-marathon, ma distance préférée, je découvre de beaux circuits et je découvre le plaisir de progresser dans l'amélioration de mes records personnels.  Et puis arrive 2009: mon deuxième marathon, celui de Lévis-Québec, et une qualification inattendue pour Boston, avec 3:16 (!?), cette fois sans rencontrer le mur, malgré une exécution encore beaucoup trop agressive en première moitié -- 1:31 !?!   Là j'étais vraiment  sur un nuage.  Un miracle!  Je m'étais préparé sérieusement en visant 3:25, alors la méritais-je vraiment cette performance ?  J'ai ensuite couru Boston 2010 en 3:18, ce qui m'a prouvé que oui.

Mon exemple en est un parmi tant d'autres; chaque coureur a son histoire à raconter, avec ses petits et grands miracles.

La course fait du bien, et elle apporte des résultats étonnants rapidement pour qui s'y investit sérieusement.  Elle amène aussi naturellement à s'intéresser à son alimentation, et à trouver comment l'améliorer.   À faire des essais, des erreurs, des expériences... à explorer.  Comme dans Star Trek: to boldly go where no man has gone before.  Pas besoin d'aller dans l'espace.

On peut élargir en disant qu'il n'y a pas que la course.  La marche rapide, le cyclisme, la natation, le triathlon et tous les sports d'endurance que l'on choisit de pratiquer sur une base régulière amènent vers d'autres mondes, et vers un nouvel équilibre plus sain.

Voilà le miracle pour tous ceux qui le peuvent et qui le veulent: avec une progression graduelle, et en partant souvent de zéro, on gagne la santé, une confiance accrue, le bien-être, et on se surprend à faire des choses dont on ne se croyait pas capable.

Et maintenant, je me donne un nouveau coup de pied pour avancer vers l'inconnu: courir 100km le 26 juin.  C'est dans 9 jours exactement.  Pour moi, ce n'est plus une question de santé, c'est simplement une question de me remettre en danger, de chercher une certaine douleur dans la persévérance, et puis de la trouver et de méditer avec!   Et d'utiliser cette témérité qui m'a souvent permis de découvrir de nouvelles choses sur moi, à éclairer mon chemin.

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Suggestion musicale du jour: Melody Gardot, avec sa voix ensorcelante dans My One And Only Thrill. Un talent incomparable, une interprétation qui vous jettera par terre -- et remarquez que je suggère souvent de la musique calme, pour relaxer après la course... de toute façon je n'écoute pas de musique en courant.

2 commentaires:

  1. Lorsque la piqûre de la course nous attrape, il n'y a pas de vaccin.

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  2. Tout à fait, Luc! Et ce qui est drôle, c'est que ceux qui ne l'ont pas encore attrapé, cette piqûre, ils nous trouvent un peu fous et surtout obsédés... o_O

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