lundi 27 juin 2011

Mon premier ultra J+1: une nuit de rêve


Eh bien c'est fait.  Mission accomplie, j'ai complété hier matin mon premier ultramarathon de 100km sur l'île de Montréal, la tête haute, mes amis et ma famille à mes côtés, et dans des conditions de course franchement positives.

Alors?  Voici la course comme je l'ai vécue...

Samedi à la maison, journée relaxe pour me préparer physiquement, mentalement et matériellement.  Je n'ai pas couru depuis mercredi, je me suis bien alimenté et hydraté pendant les derniers jours; je me sens vraiment bien et en confiance pour me lancer dans cette nouvelle aventure.  Je viens d'avoir 44 ans, en 2011, et j'ai reçu le dossard numéro 11.  Il n'y a pas à dire, les étoiles sont alignées!

Samedi soir, je me pointe à 23h30 au lieu de rendez-vous, le belvédère du Mont Royal, accompagné de ma tendre épouse, qui me conduit et viendra me retrouver le lendemain matin à l'arrivée.   Je suis aussi préparé logistiquement, avec une ceinture de randonnée contenant deux bouteilles (une pour l'eau, une pour le gatorade) et des réserves de bouffe: noix, dattes, barres énergétiques et gels -- pas mal plus de poids à porter que mon lot habituel, mais je ne veux surtout pas me retrouver en situation de déficit en pleine course, et je ne suis pas sûr des denrées qui seront offertes pendant la course, aux points de ravitaillement.

À l'arrivée au site de départ, le belvédère est en pleine rénovation, et il n'y a que 3 ou 4 participants d'arrivés;  il y a surtout beaucoup de fêtards enivrés -- ce qui crée une ambiance encore un peu plus... surréelle.  Autre spectateur, un raton laveur pas du tout effarouché, qui est certainement dans sa recherche routinière de rebuts.   Mais bon, les autres participants arrivent dans les minutes suivantes.

La météo est vraiment à mon goût: environ 16 degrés, ciel couvert et possibilité d'une petite bruine pendant la nuit, sans grand risque de grosse averse ni d'orage.  Une température tout à fait favorable pour nous les coureurs, je trouve.

Notre organisateur (et ultramarathonien de grande expérience) Markus arrive, nous salue, révise avec nous les consignes (exemple: respecter la signalisation routière en ville), l'itinéraire (un grand aller-retour montagne - Beaconsfield - montagne) et les points de ravitaillement.   Minuit arrive très vite, alors petite prise de photo au départ avec tous les partants -- nous sommes encore frais et dispos!

Le départ se donne à minuit pile, et nous entrons dans la boucle du sommet de la montagne (2.5km), que nous devons d'abord faire deux fois avant de poursuivre sur le grand sentier (ou chemin) Olmstead.  Nous avons pour la plupart nos lampes frontales pour nous éclairer, mais avec le couvert nuageux qui reflète les lumières de la ville, nous bénéficions d'un bon fond lumineux dans ce grand sentier large.Très rapidement, nous nous plaçons dans l'ordre naturel de nos rythmes: Pablo et Nestor devant, Sacha et moi tout de suite après, suivis de près par Roger, à un rythme plutôt agressif de 5:15/km (mais en descente, donc équivalent à 5:30) et puis les huit autres coureurs derrière, à un rythme plus lent.

Les 5 meneurs que nous sommes traversons ensuite le plateau Mont-Royal, par la rue Rachel et le parc Lafontaine, avec quelques arrêts forcés aux feux rouges.  L'ambiance entre nous est excellente; bien de la  jasette, et seulement une douzaine de bornes dans les jambes, cela ne parait même pas.

Nous arrivons donc au premier point de ravitaillement à 14km, au pied du Pont Jacques Cartier.  Gentil bénévole avec sa glacière remplie de toutes les boissons souhaitables, c'est le temps de faire le plein dans nos gosiers et nos bouteilles avant d'attaquer le pont.   Rendus au milieu du pont, virage à droite sur l'Ile Sainte-Hélène, où nous descendons du côté sud de cette petite île pour arriver jusqu'au pont de la Concorde.  C'est une très bonne chose de courir avec des participants qui connaissent bien le trajet, et pour ne pas faire d'erreur d'embranchement comme il arrive malheureusement à certains participants néophytes et solitaires.

Le pont de la Concorde et la route qui suit (longeant Habitat 67 et le port) se parcourent très bien, avec vue imprenable sur Montréal la nuit.  L'air est bon et le moral aussi.   C'est le calme de la nuit... on profite.  Nous restons sur la piste cyclable, passons sous l'autoroute Bonaventure, jusqu'au 2e point de ravitaillement: les chutes de la fin du Canal Lachine, en bordure de la rue Mill.  Nous retrouvons là Markus et les 5 participants du 50 milles qui attendent leur départ, qui doit être donné à 2 heures du matin.  Pour le ravito, cette fois au choix de boissons s'ajoute une panoplie de bonnes choses solides: bananes, oranges, pretzels, chips, etc.  Salutations cordiales entre participants, et après 2 minutes nous sommes repartis.  À partir de là, les deux meneurs Pablo et Nestor, plus performants et compétitifs, ont déjà commencé à prendre leurs distances.  Tant mieux pour eux... Sacha, Roger et moi ne chercheront pas à les rivaliser.

Le looong Canal Lachine commence donc ici... d'abord le segment de 2km jusqu'au marché Atwater, mais ensuite 9 km avec trois petits ponts qui nous font alterner de côté du Canal.  Dans ce segment, Roger semble devoir se reposer derrière nous, et Sacha et moi ne le reverrons plus (mais il a bien terminé sa course).  Moi je commence aussi à sentir de petites lourdeurs dans les jambes, et pourtant il reste tant à faire!  Vers la fin du Canal arrive le troisième ravitaillement, à la 'caboose', il s'agit de deux wagons désaffectés.   Nous apercevons Pablo et Nestor -- le rapide Pablo s'étant juste avant perdu seul dans les embranchements du Canal, il a perdu 15 minutes de son avance, a dû nous rattraper puis rattraper Nestor, mais de là il semble bien déterminé à la refaire, son avance sur Nestor!  Bon allez, je fais le plein: eau, pinottes, banane et même deux biscuits Oreo et nous sommes repartis à notre tour.

Avec Sacha, l'entente est bonne: nous sommes du même calibre au marathon, Sacha est coach chez Team in Training et moi mentor pour Étudiants dans la Course, et Sacha a déjà quelques Ironman derrière la cravate, et donc la sagesse de la gestion d'un effort de 10+ heures.  Jusqu'à ce point, nous avons été relativement rapides avec une moyenne de 5:30/km, ce qui deviendra bientôt insoutenable... Nous nous entendons pour commencer l'alternance course-marche qui est une sage mesure de récupération en ultra: 25 minutes de course (5:30/km) pour 5 minutes de marche, ce qui donne une moyenne légèrement supérieure à 6:00/km mais nous aidera beaucoup sur le long terme.

Il est passé 3 heures du matin, nous sommes en plein coeur de la nuit et je me sens 'pas mal' bien, tout compte fait.  Je me dis: quelle chance j'ai d'avoir la santé et la possibilité de relever ce défi... et c'est ici, en ce moment-même que je la vis, mon aventure!

Nous terminons le Canal en traversant à la dernière écluse, et rejoignons le boulevard Saint-Joseph, au bord de l'eau.   Passent les maisons mignonnes et les parcs de Lachine puis les cabanes cossues de Dorval, avec un petit vent de face puis une bruine rafraichissante, ahhh... Le  lac Saint-Louis nous fait entendre ses vagues, puis nous trouvons le quatrième point de ravitaillement, 10km avant la mi-parcours (et donc 40km derrière nous!).  Déjà les premières lueurs de l'aube derrière nous.  La route s'appelle maintenant chemin du Bord du Lac - Lakeshore , vive le bilinguisme ;)

Je reçois alors un appel sur mon mobile: c'est mon très matinal ami coureur Fred qui est tout près, en auto et qui veut me repérer pour m'accompagner et courir le bout ouest du circuit.  Il m'avait dit qu'il viendrait m'accompagner, mais je ne l'attendait pas si tôt, alors c'est une très belle surprise.  Il nous trouve très rapidement, et hop nous sommes maintenant trois joyeux lurons!  En plus, comme Fred est lui aussi plusieurs fois marathonien, triathlonien et Ironman, il a des points en commun avec Sacha... et la jasette continue!

Nous repartons, et bientôt Sacha me fait remarquer que je viens de dépasser mon seuil du connu en course, la balise du 42.2km !  Nous continuons paisiblement en appréciant les berges, anses et caps, entrant dans Pointe-Claire alors que le jour se lève.  Sacha gagne aussi un ami accompagnateur qui l'attendait là: Robert se joint à nous trois.  Nous allons faire la boucle de 2km du bout du parcours qui passe au point le plus à l'ouest, le coin boulevard Saint-Charles à Beaconsfield, pour revenir au pittoresque centre du village de Pointe-Claire et trouver un petit répit mérité au point de mi-parcours (50km, à 5 heures pile!), qui est la boutique Izzi -- pause publicitaire: Izzi c'est la charmante petite boutique tenue par la souriante conjointe de Markus, l'organisateur de la course, où on trouve de bons produits bios de soins pour la peau, avis aux intéressé(e)s qui passent par là.

Nous retrouvons à la boutique Markus et plusieurs partants du 50km en préparation.  Nos sacs à dos sont là, c'est le temps de changer de linge (ahhh du linge propre et sec!) et de se ravitailler avec en prime des petites patates grelots + sel (excellent secret pour les ultras, facile à digérer et riche en minéraux) et le 'nanane' que j'avais en tête depuis quelques temps: un beigne avec un bon petit café.... hmmm.   j'en profite aussi pour délester mon sac ceinture de provisions inutiles, que j'avais apporté par insécurité au début (dont un sac ziploc de dattes fraîches... réduites en purée).

Moi et mon compagnon de mi-course Fred, avant de repartir:


Entretemps, la fusée Pablo et le poursuivant Nestor sont déjà repartis (Pablo est en train de prendre plus de 40 minutes d'avance sur nous, Nestor au moins 20); nous, nous choisissons de prendre un bon 25 minutes pour récupérer, nous étirer un peu et attaquer la deuxième moitié le plus solidement possible.  Nous sommes maintenant quatre mousquetaires: Sacha et son nouvel accompagnateur Robert, Fred (mon accompagnateur) et moi.

Le retour commence... en allant d'abord refaire la boucle ouest de 2km, pour avoir le droit de repartir vers l'est sur le même parcours en sens inverse.  Mes jambes sont de plus en plus ankylosées et il me faut apprivoiser la douleur montante.... comme j'avais dû apprendre à le faire lors de mon premier marathon.  Mais le moral est excellent alors le plaisir continue!   Un peu plus loin, mon ami Fred nous laisse -- non sans que je l'aie remercié de son aide -- et me dit qu'il me rejoindra avant l'arrivée, sur le Mont Royal... chouette!

Dans les kilomètres suivants, Sacha retrouve de la belle et gentille compagnie: Stéphanie, coureuse de son équipe Team in Training, se joint à nous.

Nous rejoignons le Canal Lachine, où j'ai deux nouveaux alliés qui m'attendent: François et Josée, des mentors d'EDLC !  François a promis de courir les 32 derniers kilomètres avec moi, et Josée est venue le conduire et m'encourager (ne pouvant elle-même courir, à cause d'une blessure).   Le long Canal Lachine est du coup beaucoup moins long, surtout que le passionné François a beaucoup à raconter sur les chaussures de course, le barefooting, Christopher McDougall, les indiens Tarahumara et les recettes de gâteau au pinole.  blah blah blah.... trop drôle!  François a aussi apporté tout plein de provisions pour m'aider, quelle générosité débordante!

À partir du 70ième km, je dit à Sacha que je souhaite réduire mes intervalles course à 20 minutes, avant les pauses marche de 5 minutes... il me semble que c'est vraiment nécessaire si je veux me rendre au bout en un morceau, et suffisamment fort.   Sacha accepte de rester avec moi, avec sa personnalité de coach, et il me dit que ce serait super de se rendre au fil d'arrivée ensemble... ça c'est du boost!

Apparaît ensuite un autre bon ami coureur et mentor, Yves, qui me fait une belle surprise lorsque nous abordons la fin du Canal Lachine, près de Bridge: il nous attend là pour venir boucler les derniers 24km avec nous!  Je suis comblé par mes amis et compagnons; la course est un culte bien rassembleur pour ses fervents.  Sacha a aussi gagné deux autres accompagnateurs: Lelia et Jean-Guillaume. Extra, nous sommes maintenant sept à courir ensemble !

Mais il faut préciser que rendu à ce quatrième quart du 100km, les parties basses de mes muscles tibiaux antérieurs sont de plus en plus douloureuses, et chaque reprise de la marche à la course demande du courage pour endurer les élancements, surtout pendant les 30 premières secondes.  Nous repassons sur le pont de la Concorde et l'île Sainte-Hélène... heureusement que le décor est joli et familier.

Sur la fin de l'île, avec la remontée vers le pont Jacques-Cartier -- en restant du côté ouest du pont, une côte assez prononcée -- je m'offre paradoxalement une délivrance.  Mes amis accompagnateurs qui me voient souffrir depuis un petit bout, me demandent en bas de la côte si ça va aller... je leur répond 'just watch me' avec un clin d'oeil.  Je passe rapidement de l'arrière du groupe à l'avant, trop heureux d'exploiter ma force de montée, et surtout de changer mon angle corporel face à la route, ce qui a pour effet de réduire de beaucoup la douleur.  Jusqu'au sommet du pont, je gravis la route avec force et bonheur!  La descente du pont est un peu plus dure sur les jambes, mais pas aussi pire que le plat.  C'est que mes quadriceps sont encore capables d'en prendre un peu plus que mes muscles tibiaux.

Dernier ravitaillement au bas du pont, et à 14km avant l'arrivée.  Banane, biscuit, eau; petites photos, sourires -- et même pas trop forcé mon sourire, l'équipe que nous sommes devenus m'aide à garder la bonne humeur.


La re-traversée du plateau Mont-Royal se passe relativement bien, et contrairement à mon habitude je maudis les feux de circulations sur Rachel qui tournent tous au vert à notre arrivée, moi qui serais alors bien content d'un arrêt forcé à un feu rouge!

Nous traversons l'avenue du Parc, et la remontée de la montagne s'amorce: 5 kilomètres du sentier Olmstead et 2 fois la boucle de 2.5km au sommet de la montagne -- eh oui, exactement l'inverse de ce que nous gambadions comme des gazelles au début.  Question jambes, je suis presqu'au bout du rouleau... mais le point d'arrivée n'est plus une notion abstraite et distante, il est devenu un objectif motivateur et atteignable!  Le sentier m'apparaît quand même un peu plus long que d'habitude.

Quand nous arrivons en haut et amorçons les deux dernières boucles du sommet, Fred se joint de nouveau à nous et moi, je recommence à grimper en force!  Nous restons tous ensemble et mes amis me donnent beaucoup d'énergie positive: go Pierre, tu es incroyable, tu es vraiment presqu'arrivé!  Ces derniers 5km sont un fabuleux crescendo d'intensité et d'émotions.

Le chalet du belvédère réapparait enfin après le dernier virage de la deuxième boucle du sommet, et comme nous avions comploté il y a plusieurs heures Sacha et moi, nous finissons au fil d'arrivée (qui est tout simplement Markus et son chronomètre) main dans la main et je pousse un puissant et profond cri de joie.   OUIIIIIII!


Quel moment sublime, quelle satisfaction de s'être dépassés et d'avoir atteint un objectif qu'il n'y a pas longtemps, moi je n'aurais pas osé viser!


Mes chers compagnons d'armes, Yves et François:



Je retrouve en souriant ma famille, mes amis coureurs et les autres participants déjà arrivés (Pablo étant le champion du 100km, mais de justesse: talonné de très près à la fin par Nestor, une minute derrière! -- ainsi que les plus rapides participants du 50km).   Je me change enfin, et je prend une bière particulièrement rafraîchissante (de la Bud -- mon dernier choix en terme de bière, mais là elle était vraiment bonne) et une pointe de pizza, et je fête avec tout le monde sur le grand porche du chalet du belvédère, alors que les participants du 50km, du 50 milles et du 100km se succèdent au fil d'arrivée.  Markus remet de jolis trophées confectionnés sur des pierres des champs aux premières et premiers des trois distances.  Je vais ensuite le remercier chaleureusement pour cette événement si bien mené;  j'ai été franchement épaté, mes attentes étaient plus basses pour ce genre de course éclatée avec peu de participants.  Elle a beau être 'artisanale', mais comme elle existe depuis 2003 déjà, elle est quand même bien rodée, cette course MRSQ!


Quelle expérience fabuleuse... je peux dire que je me suis vraiment éclaté et j'ai réussi à transcender la douleur. Bravo à tous et chacun des participants qui ont osé 'défier leurs limites', et un immense Merci à mes amis coureurs qui m'ont si bien épaulé.  Voici les résultats complets publiés par Markus.

Épilogue
Me voilà le lendemain, le lundi soir... je récupère bien à la maison, et assez vite partout dans les jambes, avec la même zone basse des tibiaux antérieurs encore sensible, surtout au dessus du pied droit où j'ai constaté ce matin de l'enflure et où j'ai appliqué des compresses glacées toute la journée (heureusement que je pouvais télétravailler!).  Je me compte vraiment chanceux, car je crois que c'est le seul dommage collatéral dans le passage de cette épreuve.  Il sera intéressant de voir combien de jours il faut pour que cette petite douleur passe, pour que je recommence à courir avec ma gang EDLC.   Mais je crois avoir eu la piqûre pour entrer dans le monde des ultras... et il y a les courses en trail qui m'attirent de plus en plus.  À suivre!

vendredi 24 juin 2011

Premier ultra... J-1

Bon. Là c'est vrai.   Il y a 3 semaines, je me suis inscrit impulsivement à mon premier ultra, un 100km sur l'île de Montréal, sans vraiment comprendre ce que je faisais, et ce que peut signifier 2.5 fois un marathon (ou presque!)...  Comme le 42.2km est la distance la plus longue que j'ai parcourue à date, et avec laquelle je commence à être familier, il y a tout un seuil.  C'est vraiment autre chose.

Hier soir, le gentil organisateur et ultramarathonien Markus a convié tous les participants (50k, 50 milles, 100k) à une petite réunion d'information dans une jolie petite boutique à Pointe-Claire (Izzi), avec bière et pizza.   Très chic type, et belle atmosphère conviviale avec les participants qui étaient présents.  Nous avons passé en revue le trajet, et je crois que ca devrait bien aller pour me retrouver, même seul la nuit.  Comme c'est une course artisanale, avec peu de participants, il y aura évidemment peu de bénévoles et de stations de ravitaillement, alors il me faudra être 'semi-autonome'.  Et c'est très bien comme cela.

En me rendant en auto, j'ai pu faire une petite reconnaissance; d'abord pour mieux réaliser la distance à franchir, et puis pour constater la beauté de l'ouest, sur le bord du Lac Saint-Louis.  J'imagine déjà le lever du soleil.

Je commencerai donc la course dimanche à minuit dans le sentier Olmsted (non-éclairé) du Mont-Royal; ma petite lampe frontale (cadeau d'anniversaire de mes enfants, merci!) sera fort utile, et la communion avec la nuit sera spéciale.  Cette montagne et son grand sentier, je les retrouverai à la toute fin de mon odyssée.  Je les connais déjà bien, c'est le coeur de la ville et le foyer des coureurs.

J'ai très hâte de plonger dans l'inconnu, et comme j'aurai des amis coureurs pour faire des bouts de chemin avec moi, ce sera sans nul doute une très belle expérience.... où le voyage importe plus que la destination.

Et après j'aurai certainement des choses à raconter!

jeudi 16 juin 2011

Le miracle de la course

Quand j'étais petit, je rêvais de courir un marathon.  C'était un objectif fort distant (dans tous les sens!), un peu fou et un peu abstrait.  42km était une distance qui ne me semblait possible de parcourir qu'en vélo -  ah le vélo, un moyen de déplacement et d'évasion dont je raffolais, d'ailleurs.  Mais bon, courir 42km.... un jour, peut-être?  Hmmm, pas sûr du tout...

Les années ont passé, et ce n'est que dans la trentaine que je me suis mis à repenser à la course.  Je vivais alors à Stockholm, une ville absolument superbe, inspirante, propre, harmonieuse, respectueuse des piétons et des cyclistes, avec des habitants très sportifs et donc parfaite pour courir.  J'ai d'abord couru pour le plaisir, dans les rues et les sentiers, et puis quelques 10km au centre-ville en 2000 et 2001, avec un minimum d'entraînement, et ce fut franchement fort plaisant.  Une découverte presque accidentelle, en somme.

Mais ce n'est qu'en 2005, revenu ici au Québec, que je me suis vraiment mis à la course avec un petit coup de pied, c'est-à-dire en m'inscrivant d'abord au demi-marathon de Montréal, avec seulement 6 semaines de préparation.   Ma belle-soeur et ma soeur s'y étaient aussi inscrites, elles étaient déjà bien plus disciplinées et plus en forme que moi, et elles ont franchi la distance ô combien plus aisément et plus rapidement que moi.  Mais.... j'avais adoré cette expérience, je venais d'attraper la piqûre!

L'année suivante, en 2006, ce fut un grand défi familial qui amena ma course au niveau suivant: ma soeur, mon frère, ma belle-soeur et moi allions tous les quatre courir le marathon de San Francisco le 31 juillet.  Préparation de 18 semaines en suivant le programme d'entraînement très simple de Hal Higdon, un doyen de la course en Amérique.  Et puis le grand jour: l'expérience fut extraordinaire, et reste bien gravée dans ma mémoire: mon premier marathon, mais surtout la joie de courir côte à côte avec ma soeur et mon frère, sur le Golden Gate Bridge, dans le Golden Gate Park, sur Haight, et de pousser témérairement la machine pour me faire frapper 'mon mur' à 35km; sept derniers kilomètres en alternant marche et course, et je franchis l'arrivée sous le Bay Bridge en 3:43 - pas si mal, quand même.  J'avais souffert, comme tout le monde souffre dans un premier marathon, et j'étais très fier, et très heureux parmi les miens, en famille.  Un moment de pur bonheur.

Les deux années suivantes, je me recentre sur le demi-marathon, ma distance préférée, je découvre de beaux circuits et je découvre le plaisir de progresser dans l'amélioration de mes records personnels.  Et puis arrive 2009: mon deuxième marathon, celui de Lévis-Québec, et une qualification inattendue pour Boston, avec 3:16 (!?), cette fois sans rencontrer le mur, malgré une exécution encore beaucoup trop agressive en première moitié -- 1:31 !?!   Là j'étais vraiment  sur un nuage.  Un miracle!  Je m'étais préparé sérieusement en visant 3:25, alors la méritais-je vraiment cette performance ?  J'ai ensuite couru Boston 2010 en 3:18, ce qui m'a prouvé que oui.

Mon exemple en est un parmi tant d'autres; chaque coureur a son histoire à raconter, avec ses petits et grands miracles.

La course fait du bien, et elle apporte des résultats étonnants rapidement pour qui s'y investit sérieusement.  Elle amène aussi naturellement à s'intéresser à son alimentation, et à trouver comment l'améliorer.   À faire des essais, des erreurs, des expériences... à explorer.  Comme dans Star Trek: to boldly go where no man has gone before.  Pas besoin d'aller dans l'espace.

On peut élargir en disant qu'il n'y a pas que la course.  La marche rapide, le cyclisme, la natation, le triathlon et tous les sports d'endurance que l'on choisit de pratiquer sur une base régulière amènent vers d'autres mondes, et vers un nouvel équilibre plus sain.

Voilà le miracle pour tous ceux qui le peuvent et qui le veulent: avec une progression graduelle, et en partant souvent de zéro, on gagne la santé, une confiance accrue, le bien-être, et on se surprend à faire des choses dont on ne se croyait pas capable.

Et maintenant, je me donne un nouveau coup de pied pour avancer vers l'inconnu: courir 100km le 26 juin.  C'est dans 9 jours exactement.  Pour moi, ce n'est plus une question de santé, c'est simplement une question de me remettre en danger, de chercher une certaine douleur dans la persévérance, et puis de la trouver et de méditer avec!   Et d'utiliser cette témérité qui m'a souvent permis de découvrir de nouvelles choses sur moi, à éclairer mon chemin.

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Suggestion musicale du jour: Melody Gardot, avec sa voix ensorcelante dans My One And Only Thrill. Un talent incomparable, une interprétation qui vous jettera par terre -- et remarquez que je suggère souvent de la musique calme, pour relaxer après la course... de toute façon je n'écoute pas de musique en courant.

dimanche 5 juin 2011

La fraîcheur des sentiers

La magie de la course a une fois de plus opéré ce matin à la Grande Virée des Sentiers de Saint-Bruno: un superbe 20km, que je courais pour la sixième année consécutive.  J'adore cet événement: la gestion par le CCRMSB est très conviviale, le décor est champêtre et forestier, et les parcours offrent un défi intéressant pour tous, avec plusieurs bonnes côtes.  Les coureurs du club local (CCRMSB) sont très impliqués dans l'organisation de leur course, et s'engagent à en faire un succès chaque année.  En plus, ce matin avec un couvert nuageux, entre 16C et 19C et sans humidité, toutes les conditions étaient réunies pour bien performer et s'amuser.

Pour moi c'était une autre expérience, celle de me tester une semaine après le marathon d'Ottawa.  Je ne me mettais pas de pression pour une performance, mais... une fois le signal donné, ce fut quand même plus fort que moi, il fallait essayer de 'pousser la machine' !   Je me suis surpris à améliorer mon temps pour ce parcours de 1 minute, soit en 1:28:28, en restant solide du début à la fin.  Et mes amis coureurs Annie et Fred on aussi réussi une très forte course de 20km, bravo à eux!  Ce fut une matinée fort agréable.

J'ai aussi pu rencontrer un des organisateurs du club organisateur, Gilles Cadotte, ce qui m'a fait fort plaisir vu qu'il avait aussi couru Boston 2011 (il en a fait un beau récit) et nous avions terminé à quelques secondes l'un de l'autre.  Sauf que lui étant agé de 20 ans de plus que moi, il était arrivé neuvième dans sa catégorie d'âge.... tout un exploit, chapeau!

Mais pour revenir à mes courses: question entraînement et le potentiel d'amélioration, je constate très clairement que mon facteur limitatif -- dans toutes les distances -- est mon cardio.  Il me faudra voir si je peux creuser cela pendant les prochains mois.

vendredi 3 juin 2011

Nouveau défi

Ça y est, je me suis lancé dans le vide... inscription à mon premier 100km, le 26 juin: le Mount Royal Summit Quest .  Une course 'artisanale' sur l’île de Montréal, avec peu de participants, et qui commence de nuit -- une bonne chose, vu les grandes chaleurs, fréquentes à cette période.  Le parcours part du haut du Mont Royal à minuit, passe par le vieux port, l'île Sainte-Hélène, le canal Lachine, puis le bord de l'eau jusqu'à Sainte-Anne-de-Bellevue (pointe ouest de l'île de Montréal), petit déjeuner rapide à mi-chemin et demi-tour pour venir reconquérir le Mont-Royal en grande finale, en espérant finir le tout avant midi.  Ouf!

Qu'est-ce qui me prend?  Simplement une douce folie, avec l'envie de faire de nouvelles expériences sur la route.  Mon ami coureur et ultramathonien Bruno y est aussi pour quelque chose: il m'inspire, il a fait cette course en 2009 et ma parlé de l'organisateur de la course Markus Wiaderek, lui-même un sympathique ultramarathonien hors du commun que j'ai bien hâte de rencontrer.

Cette idée me trottait en tête depuis 2 semaines seulement, alors mon inscription est presque impulsive: je n'ai pas vraiment de préparation particulière pour ce nouveau défi, à part mes entraînements des 5 derniers mois pour arriver à mes marathons du 18 avril et du 29 mai.  D'ici au jour J, je fais le 20km de Saint-Bruno ce dimanche 5 juin, une plus longue course d'entrainement 'relaxe' le samedi 11 juin, puis le 20km du Tour du lac Brome le 19 juin (celui-là, avec le groupe des Étudiants dans la Course , en accompagnant un jeune de 17 ans qui fait cette distance pour la première fois); à part cela je continue mon train-train de 5 courses par semaine, rien d'extravagant.

Le mois de juin s'annonce donc intense pour moi -- sur la route.  Une expérience que je suis convaincu d'apprécier.  Et j'espère bien avoir le plaisir de croiser certains de mes nouveaux amis de la runnosphere!

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Suggestion musicale du jour: le disque Fashion Nuggets du groupe Indie rock Cake... excellent d'un bout à l'autre, avec des succès à découvrir ou redécouvrir (il est paru en 1996): The Distance, Nuggets, et de loin la meilleure interprétation de I Will Survive (je vous suggère d'ailleurs la version en concert).