mercredi 8 février 2012

Fantastique voyage intérieur au milieu de l'hiver

Quel mois de janvier ce fut pour moi, tout en course!


D'abord il y a eu la course Résolution de 5km le soir du 30 décembre, par grand froid et dans le noir, avec mes amis François, Josée, Louis-Philippe et Sacha; une course que j'ai terminée côte à côte avec Sacha, exactement comme nous avions terminé ensemble notre premier ultramarathon, le 100km, 6 mois plus tôt!  Nous n'avons pas trainé en 22:25, parmi les dix premiers.  Mais cet événement n'avait pas de chronométrage officiel -- aucune importance, d'ailleurs :)


Ensuite le 8 janvier, une belle course de 5km au Jardin Botanique avec les Étudiants dans la Course;  les photos sont éloquentes, jeunes et mentors ont adoré le baptême de course des premiers.


Nos jeunes fougueux aiment bien sprinter à l'arrivée pour 'larguer' leurs mentors.


Et puis je me suis fait de nouveaux amis coureurs merveilleux sur Dailymile - vraiment très chouettes; ce réseau social est de loin le plus pertinent pour moi!  Très motivant de raconter ses entraînements et aventures, et de lire celle de ses amis, avec des touches bien personnelles.  Et de s'organiser des rencontres et des entrainements ensemble!


J'ai cumulé tout de près de 300km entre le 1er et le 31 janvier, pas mal surtout pour ce mois-là...


Et le point culminant?  Sans conteste le 29 janvier avec le marathon intérieur de Montréal, à l'UQAM.   Marathon intérieur... kessé ça?  Une première pour ce genre d'événement au Québec (peut-être même au Canada?), étonnamment bien organisé par le talentueux Steve Moisan , un membre des 'Marathon Maniacs', donc forcément un passionné de la discipline.   Steve m'a raconté avoir essayé la formule comme participant, en Indiana un an plus tôt, ce qui lui a donné l'idée de venir lancer la formule ici comme organisateur.   Je peux vous dire qu'il a travaillé fort à tous les points de vue pour en faire une réussite, et il n'a pas manqué son coup: les participants et les spectateurs ont tous été impressionnés.  Toute son équipe, les bénévoles de Team in training, et l'équipe de chronométrage, Quidchrono avec le système de comptage de tours, tous ont planché très fort pour réussir cet événement.  Ensemble, ils prévoient non seulement revenir l'an prochain, mais renchérir en offrant cette formule à Trois-Rivières, Québec et Sherbrooke!


Le choix de la petite piste rectangulaire de 154 mètres du centre sportif de l'UQAM a rendu l'épreuve beaucoup plus difficile que tout autre marathon que j'ai vécu à date.  Comme il fallait parcourir 274 tours (!)  pour obtenir la distance de 42,195 km, cela faisait 1096 virages à angle droit!  Sur une piste en béton avec un léger revêtement synthétique, avec seulement 2 voies assez étroites, ce qui générait beaucoup de manoeuvres de dépassements avec changements de vitesse.  Et pour ajouter au plaisir, des changements de sens imposés à tous les coureurs aux 30 minutes -- qui se passaient très bien, mais cassaient le rythme de chacun.


Le côté génial de ce genre de cet événement, c'est la proximité et l'intimité entre tous les participants et les quelques spectateurs.  Claire, Caroline, Alex, Luc et moi (tous liés par Dailymile) avons eu le plaisir de faire connaissance en chair et en os avant le départ et de nous encourager, avec un peu de rigolade et de nervosité. Claire étant au repos, elle était généreusement venue pour devenir notre meilleure supporteur avec son sourire énergisant tout le long de cet événement.  À elle se sont ajoutés Delphine, Éric, et deux participants du marathon de la veille: Gaétan et Lisanne.


Fidèle à mes mauvaises habitudes, j'ai cédé à mes pulsions et au signal de départ, je suis parti un peu trop vite.  Je savais que j'allais payer pour ça plus tard, mais j'étais prêt à l'assumer.  Jusqu'à la moitié de la course, tout allait vraiment bien et je me trouvais troisième, avec deux très rapides coureurs devant moi: Pierre-Luc (club des Vainqueurs) et Noel.  Plusieurs s'encourageaient lors des nombreux dépassements, ce que j'ai trouvé trippant.   Mais bon, chacun trouve aussi sa bulle pour regrouper ses forces.  La musique du DJ ajoute au plaisir.  Je me rappelle des tounes de Led Zeppelin et des Rolling Stones qui m'ont mis en transe, vers le milieu de la course.  J'aurais voulu danser.  Retour aux performances: en courant j'ai réalisé que je pourrais peut-être décrocher un podium?  Et puis j'ai remarqué que Noel avait interrompu sa course, et puis que Pierre-Luc avait drastiquement ralenti, visiblement embêté par quelque chose, alors qu'il avait accumulé 10 tours d'avance sur moi (plus de 1,5km).  La plupart des autres participants tenaient le coup, dont Luc, en pleine forme.  J'ai graduellement rattrapé Pierre-Luc, puis dépassé en me pinçant pour réaliser ce qui se passait: pour la première fois de ma carrière de coureur, je prenais la tête!  Il restait cependant plus de 100 tours à faire, et le plus dur était toujours devant...




À partir du 220ième tour, j'ai commencé à sentir la très sérieuse menace de crampes aux mollets.  D'abord aux deux tours, puis quelques fois par tour, elles s'annonçaient, et je m'en sauvais à chaque fois de justesse.  J'avais évidemment ralenti (en moyenne 50 secondes du tour), mais je ne pouvais rien faire en mouvement pour les éloigner.


C'est au 255ième tour, à 3km de la fin, que j'ai cogné brusquement mon mur: les 2 mollets ont figé net, et les bénévoles de Team in Training ont même dit les avoir entendus claquer (!) quand je suis passé devant elles!  J'étais immobilisé, incapable de continuer, je me suis trainé à quelques mètres devant pour m'asseoir au coin de parcours le plus proche.  Comment allais-je faire pour déjouer ces dangereuses crampes aux 2 mollets, et terminer mon marathon?  Je ne pouvais concevoir d'abandonner à ce point-ci.  Un petit miracle s'est alors produit.  Je venais de dépasser Olivier, un coureur très lent mais très constant, et en me voyant il n'a pas hésité un seul instant pour venir me porter assistance.  




Voici Olivier Gratton, le coureur qui s'est généreusement arrêté après moi pour m'aider à faire passer mes crampes.  Remarquez la proéminence de mes mollets: il sont complètement figés.  Un moment mémorable de la course.  Note à souligner: Olivier a plus tard terminé sa course, après un combat héroïque de 7 heures, et je le félicite bien humblement pour son extraordinaire persévérance.


Olivier a donc commencé en prenant ma jambe, il semblait connaître la manoeuvre.  Mais mes crampes étaient si fortes que la douleur et la crispation revenait facilement.  Les bénévoles avaient entretemps appelé à la rescousse le chiropraticien Simon présent sur place, lui qui était venu faire connaître ses services.  Simon a pris la relève d'Olivier et avec ses manipulations précises, j'ai réussi à les apaiser et j'ai pu retourner en piste après 2 minutes, sans perdre trop de l'avance que je m'étais forgée!   Ce 255e tour fut donc le seul parcouru en plus d'une minute: avec l'arrêt forcé, un tour de 180 secondes.  C'aurait pu être bien pire, franchement, quelle chance!  Je ne saurais assez remercier Olivier et Simon.  


Comme j'avais pris une bonne avance sur mes poursuivants, j'ai repris la course avec encore 3 ou 4 tours d'avance sur les deuxième et troisième, Tommy et Luc, qui avaient très bien géré leur course et la finissaient en accélération!  Comme mes mollets semblaient hors de danger, j'ai même pu terminer avec des tours de 45 secondes, vraiment cool!


J'ai donc terminé premier (je n'aurais jamais cru pouvoir dire cela un jour, j'en ai encore les papillons!) en 3h35, soit 21 minutes de plus que mon meilleur temps (Ottawa l'an passé), et 2 minutes devant Tommy... mais vraiment très difficile pour tous les coureurs (environ 20 partants et 15 finissants), ce marathon, à cause de la surface de béton et tous ces virages à angle droit...   Luc a terminé avec une superbe troisième place juste après, et Pierre-Luc a terminé quatrième, ayant courageusement persévéré malgré de vives douleurs aux pieds.


Dans le demi-marathon (qui se courait en même temps que le marathon), Caroline a terminé première des 2 participantes, elle qui courait son premier demi-marathon... Chapeau!  Ça augure vraiment bien pour sa carrière de coureuse qui commence.


Dans l'heure qui a suivi, nous avons mangé, échangé, reçu nos médailles, pris des photos (merci pour cela aussi Claire, tu es merveilleuse!)




Voici les résultats officiels du marathon par Quidchrono.


2 participants blogueurs ont aussi raconté leur aventure dans ce marathon:  Luc (excellent récit avec plusieurs photos!) et Robin -- qui a gagné le marathon de la veille, le samedi, en 3h19, en détient donc le record, et a lui aussi dû surmonter des crampes aux mollets!


Je relèverai probablement ce défi de nouveau lors de la prochaine édition, mais j'émets un souhait: une autre piste intérieure, comme celle de McGill ou celle du centre Claude-Robillard, toutes deux ovales et beaucoup plus praticables.


J'ai appris quelques trucs fort utiles en vue de mes prochaines épreuves (y compris les ultras), en bonne partie grâce à Alex, qui a couru les marathons du samedi ET du dimanche, avec une remarquable constance et des temps franchement excellents.  J'essaierai prochainement de prendre des pastilles de sels (e-load) pendant mes plus longues courses d'entrainement.


En outre, le chiro Simon et son assistante mon fait passer des petits 'tests' quand j'étais venu faire une reconnaissance de l'événement le samedi matin: mesure du poids pour chaque pied (différence de 13 livres!), mesure de la posture dorsale (omoplates et hanches penchant vers la gauche), mesure du flux énergétique dans les vertèbres cervicales... tests qui mettent bien sûr la puce à l'oreille en constatant qu'on est tout croche, et qu'on a besoin de soins préventifs en chiropractie avant qu'il ne soit trop tard!  Bon, est-ce que j'embarque là-dedans?  À suivre...


Petit détail pour finir: mon nouvel ami coureur, Alex, m'a suggéré que l'on coure en équipe le Ultra trail 50km de Saint-Donat, le 30 juin, en sentier technique avec moult côtes... tope-là, inscription faite!  Ce sera un très gros défi et une dernière longue (et difficile) course préparatoire avant le Vermont 100.  Et ça nous donnera de bonnes raisons pour se planifier de beaux entrainement ensemble, et peut-être aussi avec Pat ... toute une année excitante qui commence.


Tout à coup, je réalise que l'hiver me semble si léger et agréable pour courir.  Et pour vous?

6 commentaires:

  1. Pour commencer, c'est agréable pour moi aussi de courir cet hiver. Je pense que c'est plus agréable l'hiver, comme coureur, quand on s'entraîne fort ou on compétitionne. Donc, je te comprends quand tu termines ton post de cette façon. Tu as un hiver de course magnifique. Et les amitiés en course sont précieuses. J'aime beaucoup parler de mes amis coureurs dans mon blog. Ils sont une source de motivation exceptionnelle.

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  2. Un tas de belles histoires et de belles rencontres. Merci pour le partage! Sachant que janvier est le PIRE mois de l'année pour courir (avec décembre, févier, mars, juillet et août, hahaha!), ça promet moult merveilles pour le reste de l'année.

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  3. Avec ce billet, tu entretiens et tu bonifies les beaux souvenirs que j'ai du Marathon Intérieur Chronobar; c'était d'ailleurs un réel plaisir de te rencontrer et de t'encourager ce jour-là. Nulle doute que tu passes un joyeux et profitable hiver, le reste de ton année sera sans doute aussi palpitant!

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  4. @François: j'espère bien avoir le plaisir de courir avec toi un de ces jour, et de préférence l'hiver!
    @Phine: peut être qu'avec les années, tu vas finir toi aussi par apprécier nos extrêmes au Québec.... notre palette des 12 mois est incomparable et nos contrastes sont... saisissants, n'est-ce pas ? :)
    @Claire: ce fut vraiment extra ce dimanche-là, il faudra créer d'autres occasions de se voir!

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  5. Une belle gestion de course que t as faite. Ton expérience t'as bien servi à maintenir le rythme et gérer tes crampes vers la fin. Bravo champion.

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  6. Faute d'avoir pu assister à cette épreuve spectaculaire (quel dommage...), je suis bien heureuse d'en lire les récits. Félicitations pour ta performance! Sonia

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